Ma plus grosse bêtise d’enfant…
Nous avions une très jolie maison d’été à Nacqueville, en haut de la presqu’île du Cotentin, dans la Hague.
Un quai assez élevé nous séparait de la plage pour éviter que la mer n’envahisse le jardin par un jour de grande marée ou de tempête. Un escalier nous permettait de descendre sur la plage qui était notre grand terrain de jeux. C’était pour mon frère Yves, 7 ans et moi, 6 ans notre « Paradis » !
Un jour, à marée basse (la mer se retirait sur trois ou quatre cents mètres) nous avions prévu de construire près du quai un grand château de sable qui serait englouti à la marée montante. Quand il fut assez haut, nous avions tracé des routes pour nos petites autos. Mais le sable était trop sec et elles ne pouvaient pas rouler ! Aller puiser de l’eau dans la mer pour consolider nos routes : c’était vraiment trop loin.
« Qu’est-ce qu’on fait ? » me demanda Yves.
Il y avait, accolé à la maison, un appentis où notre père rangeait notre bateau et divers instruments assez encombrants. Je me souvenais qu’il y avait, en particulier, un grand tonneau avec un robinet.
« J’ai une idée, dis-je, je vais chercher de l’eau ». Avec notre seau de plage je fis le trajet deux ou trois fois. Je n’étais tout de même pas très tranquille car cette eau avait une drôle d’odeur… mais nos petites autos pouvaient enfin rouler…
Notre père, rentré de Cherbourg où il avait son bureau, était venu admirer notre fort qui commençait à être attaqué par la marée montante. Ensuite comme tous les soirs il partit vérifier que notre bateau était bien arrimé sur son « ber ».
C’est alors qu’en ouvrant la porte de l’appentis il se mit à patauger dans une mare de… « CIDRE » !
J’avais mal fermé le robinet, le tonneau était vide !! …
« Nous, on savait pas que c’était du cidre » a dit mon frère qui prenait toujours ma défense.
« Vous serez privés de sortie en bateau dimanche ». C’était une grosse punition !
En montant nous coucher, Yves a conclu :
« Tout de même, nos petites autos, elles ont bien roulé… grâce au CIDRE ! » !!!
Plage de Nacqueville, 1929 ; souvenir de Colette… à Lyon, le 18 juillet 2019